Pierre Katz est interrogé par Beauty Packaging sur le processus de création d’un logo de parfum. Il y aborde les cas de ses créations pour le premier parfum du créateur Azzedine Alaïa, et de Jour d’Hermès.
Le nom d’un parfum est riche de sens. Il porte les valeurs de la marque et incarne un archétype ou une inspiration propre: un certain type de femme, d’homme, une sensation ou une idée abstraite. Illustrer cette richesse de valeurs et d’idées par la seule typographie est le défi du typographe. Les signes anoblissent les marques et leur donnent du caractère, elles les incarnent dans un style singulier qui reflète le leur. Le logo d’une marque ou d’un parfum est son visage symbolique.
(…) Je pense que le nom Alaïa est en lui-même un nom très graphique et son logo lui rend justice, mais je pensais qu’en tant que nom d’un parfum de femme et une incarnation de la femme Alaïa, il serait davantage mis en valeur en gagnant en hauteur. J’ai donc légèrement allongé les lettres pour rendre le nom plus majestueux et plus svelte. J’ai redessiné le mot ‘Paris’ qui faisait presque la moitié de la hauteur d’Alaïa, le nom de la maison de couture, ce qui lui donnait trop d’importance. Je l’ai réduit et j’ai choisi une autre police plus transparente et plus lisible dans les petites tailles. (…) Le résultat est un léger changement qui donne au logo une touche supplémentaire de féminité et de grâce, sans défigurer l’un des noms les plus emblématiques du monde de la mode. Comme le dit le dicton: Si ce n’est pas cassé, ne le répare pas!
J’ai également conçu le nom de Jour d’Hermès, le dernier parfum féminin d’Hermès, et les déclinaisons Absolu et Gardénia. Ce projet comportait différents défis, car il s’agissait d’une création complète qui devait exprimer à quoi ressemblerait un « jour Hermès ». (…) Puisque le nom est une ode à la lumière du jour, il se devait d’être très lumineux, délicat et optimiste. J’ai été inspiré de créer un caractère sophistiqué dans une version inclinée (plutôt qu’une italique) afin de lui donner un élan, un énergie. Je voulais donner au nom un interlettrage audacieux pour le faire respirer et augmenter sa luminosité. Le grand J crée aussi une rupture – il est le début à partir duquel le reste du nom se déroule, comme le début d’une nouvelle histoire ou d’un nouveau jour. En fait j’ai traité Jour d’Hermès d’une manière littéraire, comme si c’était le titre d’un roman épique. C’est le moins que l’on puisse faire pour un grand parfum féminin de la maison Hermès.
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